The way things go de Christian UBL rend hommage à l’enfance et interroge le hasard.
Par Thomas Hahn
Tout part d’un étonnant court-métrage, source de plaisir aussi malicieux qu’innocent : Dans Der Lauf der Dinge ( le cours des choses) des zurichois Fischli & Weiss, expérimentation filmique de 1987 dans l’esprit dadaïste du cabaret Voltaire, un improbable amas d’objets en ferraille, bois, caoutchouc etc. Rencontre liquides, flammes ou autres agitateurs voire empêcheurs de tourner en rond. Chaquefois, une mécanique se déclenche, aussi logique que loufoque. Et c’est exactement ce qui advient dans la nouvelle création de Christian UBL, où s’enchainent mille micro-événements de façon imprévisible. Les choses, elles courent on ne sais où, sans pour autant construire un récit.
Tant mieux, dirons nous.
Car le spectateur, quel que soit son âge, profite ainsi pleinement de la poésie de l’instant, entre rire, suspense et suspensions. Ludique et farfelu, le septette – qui inclut un musicien à la batterie électrifiée et préparée à l’instar du piano de Cage – interroge la relation entre cause et conséquence.
Opposant à l’apparement inéluctable une série d’effets de retardement aussi poétiques que désopilants, Ubl emprunte ici aux danses traditionnelles, au Bauhaus et aux danses sociales, créant en permanence des effets de surprise. Où les interprètes sont pris dans des mécaniques qu’ils ne cessent de déclencher eux-mêmes, tout en se transmettant leurs gestes pour en interroger l’absurde cheminement. Il va de soi qu’au bout du cours des choses, tout s’effondre alors que l’effet papillon se dissout dans le burlesque. Du grand dad’art!