ENVRAK
“Au” de Ubl et Walters aux Hivernales d’été en Avignon
Christian Ubl et Kylie Walters ont créé « AU » au Klap de Marseille en octobre 2015,
ils sont aux Hivernales d’Avignon en juillet 2016
Difficile d’inventer un titre plus sibyllin. Au, comme Autre Autriche ou Australie.
L’idée de départ est absurde: parfois les postes se trompent, elles envoient en Autriche des lettres pour
l’Australie, et réciproquement.
Christian Ubl est autrichien, il vit en France et se questionne sans cesse sur l’identité. Ce prétexte ténu est pour
lui l’occasion de créer une pièce avec Kylie Walters, danseuse et performeuse australienne qui vit à Genève.
Ce n’est certes pas une bushwomen, mais pour autant, si ce n’est le patrimoine génétique commun à
tous les humains et leur radicale altérité, ils n’ont rien en commun.
Tout le monde sait que « je est une autre » depuis Arthur Rimbaud, pour qui les « vieux imbéciles n’avaient trouvé du moi que la signification fausse », traçant radicalement -en l’énonçant- la dialectique paradoxale entre l’identité et l’altérité. C’est depuis une vérité révélée pour les philosophes et les psychanalystes, Lacan Derrida Barthes et Deleuze en tête. Lacan écrira l’Autre avec une majuscule, celui de la parole qui nous fait existants. Les pharmacologues croient que nous ne sommes que de la chimie, les cognitivistes que nous ne sommes que comportements, le chorégraphe pense, comme le poète, que nous sommes des être de culture et de langage.
Ubl et Walters questionnent ce qui peux s’inventer quand on n’a ni la même culture ni la même langue, juste la danse en commun et le hasard des rencontres.
Leur duo est un trio: le musicien Seb Martel déguisé en explorateur échappé d’un album de Tintin en
Australie est sur scène et danse avec eux, laissant l’ordinateur continuer tout seul ce qu’il a programmé. Entre
conférence des nations, valse de vienne, danse contemporaine, mimétisme animalier ou danse ethnique,
l’humour et la parodie font lien entre ces éléments disparates.
Bla bla bla
Il est vrai que ce spectacle est bavard, dans un sabir que le spectateur n’entend pas, sauf les mots clés aux préfixes en AU.: autre, Autriche, autruche, authentique etc…
Comme ils ne partagent rien à l’origine, si ce n’est l’exil et la question de l’identité ou de la différence, il faut qu’ils s’ignorent ou qu’il inventent un langage inconnu. Ils passent par tous les clichés, de la danse folklorique à celle de l’autruche, ou encore par celle des drapeauxdont sont drapés les égos.
Cette fois ci ils sont habillés, la nudité est passée de mode depuis « Shake it Out »du même Christian Ubl, Olivier Dubois et Daniel Léveillé.
De cette rencontre improbable sort une pièce surprenante, totalement atypique, pourtant dans le droit fil de la précédente sur l’indispensable
et impossible dialogue européen.
C’est une nouvelle pierre dans le jardin de la danse contemporaine, lancée par deux partenaires qui gravitent à sa marge. Il y est encore et toujours question de frontière, être dedans ou dehors, on ne s’en sort pas, on y met des barbelés, on les ouvre et on les ferme, mais en tout cas eux, ils essaient. A tout prendre, un dialogue de sourds, c’est toujours mieux qu’un conflit armé, et comme en plus c’est drôle, on en redemande.
PRESSE
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La Terrasse | décembre 2017
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Revue de presse | L’été Danse au CDC #5
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L’amuse-danse ! | juillet 2016
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zibeline | juillet 2016
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La Terrasse | juillet 2016
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tanecnizona | spring forward Aerowaves
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Tribune de Genève
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Le Dauphiné 26 | 01
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Les Affiches | Prune Vellot
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Petit Bulletin n°1000
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Les Affiches 15 | 01
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Le Dauphiné 19 | 01
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A U | Telerama
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La Marseillaise | 20 octobre 2015
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Au delà de la danse N° 0
La Provence
Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer : elle, irrésistible sauvageonne en short, venue du pays des aborigènes, des kangourous et ornithorynques. Lui, en frac, raide, sévère, mystérieux, très austrohongrois.
Mais Kylie Walters et Christian Ubl n’ont-ils déjà pas encommun le A et le U d’Australieet d’Autriche ? Alors il se passe cequi arrive entre un homme et une femme : elle, à force de frétillements d’épaules, de poses lascives et danses nuptiales, se fait désirer.Lui, hautain d’abord, tourne autour d’elle en cercles de plus en pluspetits et finit par lui ouvrir ses bras comme un grand aigle.
Dés lors les deux solos deviendront duo, duo d’amoureux tout en contacts et portés délicieusement inventifs, parfois ça se grimpe dessus, se mordille, c’est très animal, confondant proie et chasseur, avant que tous deux ne s’envolent dans une valse viennoise. Chorégraphie par les deux complices, « AU » chante –car ils chantent aussi et jouent avec les mots–, le bonheur du vivre-ensemble dans la différence. Grâce aussi au troisième compère, le musicien Seb Martel, qui entre dans la danse et les (sup)porte fraternellement.
Daniele CARRAZ
Zibeline
UN ÉTÉ AU RYTHME DES HIVERNALES
Sept compagnies régionales et internationales, à découvrir à Avignon dans le programme L’été danse au CDC, 5e du nom !
Le CDC des Hivernales n’a plus, pour l’heure, de directeur* (un recrutement est en cours suite au licenciement, brutal, d’Emmanuel Seraflm en décembre dernier), mais continue de naviguer vers une seule direction la danse, contemporaine, diverse, créative et passionnante i C’est sans « bouder [son]plaisir d’être toujours debout» que l’équipe en place accueillera durant 10 jours (relâche 15 juillet), avec des partenaires pnvilégiés, danseurs et chorégraphes à la pointe, en leur offrant une visibilité de référence pendant le Off d’Avignon Soutenu par la région Paca et l’Arcade.
Christian Ubl ouvrira les journées avec Au (comme Autnche ou Australie), qu’il dansera avec la pétillante Kylie Walters, en point d’orgue de son triptyque sur le vivre-ensemble et les traditions Entre valse de Vienne et danse abongène, une pièce drôle, poétique et décalée sur l’identité…
L’été danse au CDC
10 au 20 juillet
Les Hivernales, Avignon
04 90 82 33 12 * hivernales-avignon.com
Toute la Culture.com
[AVIGNON OFF] « AU », L’INTERCULTURALITÉ DE CHRISTIAN UBI ET KYLIE WALTERS
10 juillet 2016 Par Amelie Blaustein Niddam
Le CDC « Les Hivernales » fait leur « Été de la danse ». Au programme pendant 10 jours, du 10 au 20 juillet, sept spectacles qui témoignent de la vitalité de la création chorégraphique. Ce matin, découverte de l’humour pinçant de Christian Ubi et Kylie Walters.
Disons le d’entrée, au commencement ce spectacle nous effraie. Elle entre en petit short et bandeau et se met à singer des animaux : tout y passe : les hyènes, les lionnes, les kangourous…. Mais rapidement, son humour tordant opère. Elle commence une phrase, en VO, et la continue en pas. La technique fonctionne, cela devient rapidement comique.
Pourquoi « Au » ? Et bien avant tout pour AUtriche et AUstralie qui sont les deux pays des deux danseurs. Car oui, l’australienne va être rejointe par Christian Ubi, qui au départ s’efface, écrasé par exubérance de la danseuse à la technique précise. Sa danse à elle est très athlétique, lui à ce moment-là lui sert de support.
En direct, Seb Martel compose et sample, accoutré en Indiana Jones, sur un drôle de xylophone. Progressivement, le spectacle devient une pertinente satire des stéréotypes que chacun a sur le pays de l’autre. Des aborigènes à la valse viennoise, il n’y qu’un pas de deux, bien expliqué dans une leçon de danse foutraque.
Avec humour, le duo de danseurs vient nous questionner, avec légèreté, sur l’abolition des différences culturelles. Alors quoi, il faudrait danser pareil ? D’où qu’on vienne ? Eux trois s’amusent de ces postures archaïques, en danse, en chanson, et mots, et cela constitue un réveil parfait pour une journée au Festival d’Avignon.